Mind Mapping : 9 mythes ou croyances à inverser

Le Mind Mapping et, d’une manière générale, les procédés de cartographie mentale finiront-ils par prendre pied dans les organisations au point de devenir des pratiques ordinaires et quotidiennes ? On peut l’espérer mais ce n’est pas gagné d’avance car il faudra préalablement faire le deuil de certains mythes ou réflexes conditionnés pour adopter de nouvelles attitudes ou habitudes.

1. Moins est souvent mieux

Loi de Pareto – Juran : un « petit peu » donne accès au « presque tout ». Par exemple, n’importe quelle source d’informations (brutes) peut être compressée en moyenne à, grosso modo, 20% sans perte de substance (sujet développé au chapitre 7 du livre).

Ce principe de concentration est universel. Quant à sa mise en pratique, la règle qui prévaut encore trop dans les entreprises (et dans les écoles) est : plus = mieux ou volume = qualité.

2. La réflexion (et l’innovation) pour tous

Un syllogisme (deux propositions et une conclusion) fréquent :

  • Proposition 1 : carte mentale = outil de réflexion.
  • Proposition 2 : au sommet de la pyramide ou de l’organigramme, « on » pense ; aux niveaux inférieurs, prière de travailler.
  • Conclusion : la carte mentale est réservée aux gens payés pour penser, les autres feront comme ils ont toujours fait auparavant !

Ce n’est peut-être pas dit en termes aussi secs mais c’est loin d’être de l’entreprise – fiction. Pour innover et avancer collectivement, il faudrait peut-être changer son fusil ou ses idées d’épaule ? NB : le Mind Mapping n’est pas exclusivement un outil de réflexion.

3. Ne souffrez plus pauvres pêcheurs

Entre une personne qui va trimer pour produire un (long) rapport de synthèse et une autre qui mettra quelques minutes pour obtenir un résultat similaire à partir d’une carte… laquelle a le plus de mérite ? Notre culture judéo-chrétienne nous donne une réponse : un travail dans la souffrance a, aux yeux de beaucoup, plus de valeur qu’un travail « les doigts dans le nez ». Ou encore, si c’est trop facile voire ludique… ce n’est pas normal voire suspect !

Il en va autrement chez vous ? Parfait, gardez le cap et ayez une petite pensée pour celles et ceux qui évoluent dans des environnements plus conservateurs.

4. Préférez « expériences-conclusions » à « essais-erreurs »

« Heuristique » est le substantif désignant une stratégie d’innovation et de résolution de problème communément appelée « stratégie essais-erreurs » (cf. chapitre 4 du livre). Le terme heuristique se retrouve également dans la traduction française de Mind Mapping : « Carte Heuristique ». Ce n’est sans doute pas par hasard puisque ce mode de réflexion et de représentation vise à « essayer pour voir » (sens propre et figuré). Jusque là, rien de particulier.

Mais, dans l’expression « essais-erreurs », il y a un mot qui fait mal : « erreurs ». Il fait mal car il est compris dans son sens le plus négatif ; « Quoi… autoriser ou encourager mes collaborateurs à faire des erreurs… vous n’y pensez pas ? ». Non Monsieur, il ne s’agit pas d’erreurs répétées ou de manquements au règlement mais d’expériences ou de modélisations pour savoir ou voir si des solutions plus efficaces sont envisageables.

Si vous avez déclaré votre foi en l’innovation, ne négligez pas cette stratégie et le Mind Mapping qui permet de l’activer.

5. La terre n’est pas plate (et elle ne l’a jamais été)

Le monde n’est pas linéaire (mais systémique) et encore moins binaire (rien n’est complètement bon ou mauvais, blanc ou noir, grand ou petit, etc). Autrement écrit,

  • Une question a généralement plusieurs réponses ; un angle ou un point de vue est toujours relatif ; un problème, une décision, un projet peut être perçu de 1001 façons (au moins une par observateur).
  • Les outils ou supports que nous utilisons par défaut traduisent difficilement ces pluralités ; ils ont même une propension à encourager la vision en tunnel.
  • La carte mentale associée le cas échéant à des techniques spécifiques est un instrument bien utile pour gagner en intelligence (capacité à relier des informations). Encore faut-il vouloir regarder et manager de 180° à 360° (cf. au chapitre 12).

6. La simplicité : un art et une qualité

Parmi tous les mouvements qui caractérisent notre société globale, une tendance émergente : l’aspiration à plus de simplicité. Elle se matérialise déjà au travers de certains courants sociologiques, les groupes de « simplicité volontaire » ou les « créatifs culturels » par exemple.

Parions que ce mouvement vers plus de simplicité fécondera prochainement les organisations et de nouveaux principes de management. Pour le moment, le constat reste encore souvent teinté de gris c’est-à-dire de complexité, de bureaucratie et de lourdeurs inutiles. On fait souvent l’éloge de la simplicité mais on est souvent nonchalant à la mettre en forme (parfois, simplement faute d’avoir cet objectif à l’esprit).

7. La méthode Coué dans le bon sens (ou bon sens et méthode Coué)

Au cours de conférences, présentations, formations… sur le Mind Mapping, il est fréquent d’entendre ces exclamations :

  • « Pour moi, c’est parfaitement clair mais pour ce qui est de mes collègues, je pense qu’ils ne comprendront pas. »
  • « C’est dommage, mon boss n’acceptera jamais que nos procédures soient représentées de cette manière… »
  • « Je n’oserai jamais utiliser ça comme rapport, on va rire de moi. » ETC

Attention, la méthode Coué donne des résultats aussi bien à partir de suggestions positives que négatives.

  • Un mot d’ordre : lancez-vous et n’allez surtout pas affoler vos collègues ou supérieurs en leur donnant le bâton pour vous battre. Faites comme si la carte mentale était tout ce qu’il y a de plus normal et naturel. D’ailleurs, n’est-ce pas le cas ?
  • Un conseil : n’en faites pas trop, optez pour une « ligne claire » en appliquant par exemple ces quelques recommandations.

8. A la niche le chien de Pavlov

Suite à des expériences (inoffensives) sur un chien, Ivan Pavlov a montré que nous sommes habités par deux types de réflexes : (1) les réflexes innés et (2) les réflexes conditionnels ou conditionnés par des stimuli. Dans le cas du chien de Pavlov, le son d’une cloche annonçait de la nourriture provoquant une salivation quasi instantanée.

Bien mais en quoi cela nous concerne-t-il ? A l’instar des barrières associatives (cf. expérience divinatoire), certains stimuli ou besoins professionnels ont des réponses catégoriques. Prenons l’exemple de la bureautique :

  • Mémos, offres, rapports, … à rédiger → traitement de texte ;
  • Synthèse mixant divers types de données (ex : business plan) → tableau / tableur ;
  • Présentation → diaporama (avec le concours de l’inévitable PowerPoint ?) ;
  • Procédure → logigramme ; etc.

Si Word, Excel et PowerPoint donnent l’espérance de devenir beau, riche ou intelligent et restent des outils très performants pour une kyrielle d’usages, il y a lieu d’éviter une dépendance absolue ou relation obsessionnelle parce que « Si vous faites comme vous avez toujours fait, vous obtiendrez toujours les mêmes résultats ».

9. De l’avocat du diable à l’avocat de l’ange

Un dernier point qui fait également office de conclusion.

L’avocat de l’ange est une technique de créativité imaginée par Sydney Shore et destinée principalement au processus d’évaluation. La personne ou le groupe qui joue le rôle de l’avocat de l’ange s’oblige à ne voir que le bon côté des choses et à dénombrer le maximum d’arguments en faveur de l’idée défendue. Alors, vous êtes prêt ?

  • Rassemblez les personnes avec lesquelles vous aimeriez réfléchir et travailler régulièrement à la carte ;
  • Présentez-leur brièvement la forme et le fond du Mind Mapping ;
  • Demandez-leur de lister, individuellement ou collectivement, au moins 10 avantages offerts par les cartes mentales ;
  • Débriefez, échangez, … tracez « la carte de la carte » … et essayez d’amener le groupe à conclure par quelque chose comme « voilà l’outil qui va nous faire gagner du temps et nous aider à innover, qu’attendons-nous pour l’adopter au quotidien ? »