Induction ? Déduction ? C’est dans une salle de classe ou dans un amphithéâtre que l’on rencontre généralement et furtivement ces termes et les notions qu’ils couvrent.
Dommage ! Pour la majorité d’entre nous, ce devrait plutôt être aussi et surtout dans le cadre de lectures ou de formations sur comment bien organiser et communiquer ses idées, y compris sur l’usage fonctionnel de PowerPoint (et consorts). Car, à côté des concepts théoriques ou plutôt rhétoriques, l’induction et la déduction indiquent les deux seules manières de former des groupes – logiques – d’idées. C’est sur cet aspect particulier et sa mise en pratique que Barbara MINTO apporte une contribution appréciable voire inédite.
Deux – et seulement deux – procédés d’argumentation
Argumenter consiste à tirer une conclusion – synonyme : adopter une position – à partir de plusieurs points ou évidences. Et, pour argumenter, il y n’a que deux procédés envisageables :
- La déduction équivaut à un raisonnement causal : un principe général est rapproché d’un cas particulier, ce rapprochement permettant de tirer (au moins) une conclusion.
- L’induction équivaut à un regroupement : un ensemble de raisons (caractéristiques, …) sont exposées pour en extraire (au moins) un point commun, la conclusion.
Les deux procédés se complètent : la déduction part du général pour arriver au spécifique quand l’induction part d’éléments spécifiques pour converger vers quelque chose de plus large.
Exemple Déduction
- La loi stipule deux conditions pour être déclaré en faillite (…),
- Dans votre cas, ces deux conditions sont immanquablement et malheureusement remplies,
Vous devez donc déposer le bilan !
Exemple Induction
- Vos fonds propres sont négatifs,
- Au moins 40% de vos créances sont douteuses,
- Aucune banque ne veut vous (re)financer,
- Vos fournisseurs exigent paiement avant livraison.
Le dépôt de bilan semble inévitable !
En slides ou en paragraphes
L’argumentation et les deux procédés qui la servent sont généralement accolés à la rhétorique ou l’art de faire valoir ses (prises de) positions notamment dans le cadre de débats ou de confrontations. En réalité, dès qu’il faut produire une synthèse expressive, extraire du sens d’un ensemble d’informations ou d’idées, les seuls dispositifs envisageables sont à nouveau la déduction et l’induction.
Une communication, structurée selon les normes Minto, n’est rien d’autre (sic) qu’un assemblage de groupes logiques, de blocs d’informations ou d’idées – le plus souvent sous la forme de bullet points ou de paragraphes – intervenant dans un raisonnement (déduction) ou faisant partie d’un ensemble (induction).
Assemblage ou plutôt cascade de groupes logiques puisque la communication commence par la « conclusion » et un premier groupe logique servant à valider, expliquer, documenter, … le message principal. Ensuite, les composants de ce premier groupe sont développés ou appuyés par d’autres groupes logiques, etc. C’est le Principe Pyramidal (Ndr : dans le cas présent, absolument rien de malsain vu qu’il est question de la Pyramide de Minto, pas la Pyramide de Ponzi).
Une autre particularité, un autre principe déjà abordé : on entre par le haut c’est-à-dire que l’on commence toujours par le plus important. Ainsi, pour chaque groupe, la conclusion précède les arguments, la synthèse devance les détails.
Contraignant ? Oui, un peu mais à très bon escient. L’auteur doit réfléchir aux informations qu’il regroupe et à l’ordre dans lequel il les déroule. Les informations parasitaires sont relocalisées voire écartées purement et simplement. Plus de fourre-tout. Au bénéfice des destinataires.